The Project Gutenberg eBook of ABC: Petits Contes This ebook is for the use of anyone anywhere in the United States and most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this ebook or online at www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you will have to check the laws of the country where you are located before using this eBook. Title: ABC: Petits Contes Author: Jules Lemaître Illustrator: Job Release date: September 28, 2009 [eBook #30117] Language: French *** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK ABC: PETITS CONTES *** Produced by Claudine Corbasson, Louise Davies and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by The Internet Archive/American Libraries.) ABC PETITS CONTES PAR JULES LEMAÎTRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE Avec des images DE JOB PROPRIÉTÉ DES ÉDITEURS [Illustration: ABCDEFGHIJKLM NOPQRSTUVXYZ] [Illustration: ABC] TOURS MAISON ALFRED MAME ET FILS PRÉFACE Jules Lemaître a beaucoup aimé les enfants. Il eut lui-même, lorsqu'il fut professeur à Grenoble, une petite fille, Madeleine, qui mourut au bout d'un mois et dont il ne se consola jamais. Plus tard il devint un parrain multiple et délicieux. Tout le monde connaît les contes charmants écrits pour ses filleules et ses filleuls, comme les _Idées de Liette_, _les Amoureux de la Princesse Lilli_, _Boum_, cette étrange petite fille de Bagdad, et celui en marge des Contes de Perrault, le _Lapin blanc et les Trèfles à quatre feuilles_. A Paris, dans son grand atelier de la rue d'Artois, tapissé de l'or pâli des précieuses reliures, Jules Lemaître se plaisait à recevoir des enfants, les comblait de gâteaux et de sucreries et ouvrait pour eux un bahut mystérieux de sa bibliothèque, qui répandait alors sur le tapis les jouets les plus inattendus, collectionnés avec presque autant d'amour que les livres. C'est ainsi qu'il fut amené à écrire un _Alphabet_. Il le commença l'été de 1913, à Royan, où il fit un assez long séjour. Il en chercha les sujets en se promenant à petits pas,--il était déjà très essoufflé,--entre les pins et la mer, et le soir il racontait ses contes, pour les «essayer», à mes neveux africains, riant avec eux, ou disant, déçu quand ils restaient indifférents: «C'est ironique et trop bref! Comme les peuples primitifs, les enfants détestent l'esprit et adorent les détails; amplifions avec simplicité!» Et le lendemain, il recommençait son conte. Une de ses dernières joies, en mai 1914, alors que le médecin lui avait défendu tout travail inventif, fut de recopier lui-même, d'une écriture de plus en plus menue et immatérielle, les contes enfantins. Il en reçut les épreuves à Tavers, fin juillet. Déjà la cécité verbale l'avait accablé. Il regarda, mélancolique, les images, puis dit avec un navrant sourire: «Je vais réapprendre à lire dans mon propre alphabet!» Quelques jours plus tard la guerre survint, et Jules Lemaître eut une crise cardiaque qui devait l'emporter. Cependant il songea à me recommander la correction des épreuves, et, par un scrupule excessif, me chargea d'indiquer que tous les contes n'étaient pas entièrement de son imagination, mais qu'il s'était inspiré parfois d'Andersen, de Florian et même, comme pour le _Bélier_, du chanoine Schmid. La guerre suspendit la publication de l'_Alphabet_. Aujourd'hui, seulement, la maison Mame offre aux enfants, illustré par Job, ce dernier livre de leur grand ami, qui a su conserver jusqu'à la fin son âme tendre et puérile. Myriam HARRY. _Neuilly, le 8 mai 1919._ [Illustration: A B C D E F G H I J K L M] [Illustration: N O P Q R S T U V X Y Z] ANE Il y avait, dans un village, une pauvre vieille femme qui n'avait pour toute compagnie qu'un petit âne. Elle l'aimait beaucoup, car il était intelligent et bon, et il paraissait content de porter sur son dos les légumes du jardin au marché de la ville. [Illustration] Mais de méchants garçons se moquaient de la vieille femme et de son petit âne quand ils la rencontraient. [Illustration] Un jour, ils crièrent à la vieille femme: «Bonjour, la mère âne! --Bonjour, mes fils!» leur répondit-elle. L'âne eut l'air de se moquer d'eux à son tour en remuant ses oreilles, et les méchants garçons ne trouvèrent plus rien à dire. BÉLIER Berthe était une petite fille très étourdie qui laissait toujours les portes ouvertes. Sa mère, qui était une fermière, la grondait souvent: car, pendant l'absence de Berthe, les chiens, les poules et même les petits cochons salissaient tout. [Illustration] Mais Berthe ne se corrigeait pas de son étourderie. Un jour que sa mère était au marché, Berthe alla jouer dans le jardin en oubliant, selon son habitude, de fermer la porte. Le bélier de la ferme s'échappa de la bergerie et entra tranquillement dans la maison. Comme il ne trouva personne en bas, il monta par l'escalier au premier étage, où il y avait la belle chambre des parents de Berthe, avec une armoire à glace. Quand le bélier vit son image dans cette glace, il crut que c'était un autre bélier, et il le menaça de ses cornes; mais l'autre fit le même mouvement. Furieux, il se dressa sur ses pattes; mais l'autre se dressa aussi. Alors le bélier se jeta de toutes ses forces contre la glace et il la brisa en mille morceaux. Puis il descendit l'escalier et quitta la maison, très fier d'avoir mis l'autre bélier en fuite. Le soir, Berthe fut sévèrement punie par sa mère, et je vous jure qu'elle ne laisse plus les portes ouvertes. [Illustration] CANARD Une cane couvait une douzaine d'oeufs qu'on avait mis sous elle. Onze de ces oeufs ressemblaient à tous les oeufs de cane, mais le douzième était plus gros et d'une espèce différente. La canne était très fière de cet oeuf; elle le montrait à toutes les voisines qui venaient la voir et elle disait: «Voyez comme il est gros! Je suis sûre qu'il en sortira un superbe caneton.» [Illustration] Au bout de quelque temps, la mère cane entendit, dans l'intérieur des onze oeufs ordinaires, de petits coups de bec, puis des pépiements; puis elle vit sortir des coquilles onze petits canards charmants, habillés de duvet jaune. Mais le douzième oeuf tardait à éclore. Et, bien que cela inquiétât un peu la mère, elle se disait: «L'enfant n'en sera que plus beau.» Et patiemment elle se remit à couver. [Illustration] Mais, quand enfin l'oeuf éclata, la pauvre mère fut épouvantée. Ce n'était pas du tout un superbe caneton, mais un vilain petit animal, avec un cou trop long, un corps trop gros, et qui marchait les pattes en dedans, sans aucune élégance. Les onze frères et soeurs se moquaient de lui, et la mère elle-même, quand elle conduisait ses enfants à la mare, avait honte de lui parce que tout le monde disait sur son passage: «Oh! voyez donc ce vilain petit canard!» Personne ne voulait jouer avec lui, et le pauvre petit fut bien malheureux. Il tendait son cou trop long vers le ciel comme pour dire: «Ah! pourquoi suis-je né?» ou bien, le rabattant tristement le long de son corps, il restait à rêver dans un coin. Un jour que les autres l'avaient houspillé plus que de coutume, il prit le parti de quitter sa famille. Il marcha longtemps devant lui et arriva près d'un lac où nageaient des cygnes. «Ah! dit le vilain petit canard, que ces oiseaux sont beaux! Pour sûr ils me chasseront, car je suis trop laid.» Et il se disposait à se retirer, lorsqu'une grand'mère cygne, qui se reposait sur la rive, l'interpella: «Hep! mon enfant, d'où viens-tu et comment t'appelles-tu? --Je viens de la basse-cour, madame, et je m'appelle canard. Je suis parti parce que mes camarades me trouvent trop laid et ne veulent pas jouer avec moi. --Pauvre petit! dit la mère-grand. Le fait est que tu n'es pas bien joli, mais cela vient de ce que tu es fatigué et triste. Attends un peu que je t'examine. Tu me rappelles un petit-fils que j'ai perdu... Oui, il n'y a aucun doute là-dessus, tu n'es pas du tout un petit canard, tu es bien un cygne. C'est la fermière qui a dû glisser un de nos oeufs parmi les oeufs de cane; et celle que tu as prise pour ta mère n'était que ta couveuse. Pauvre petit orphelin, viens sur mon coeur!» Puis la grand'mère appela tous les autres cygnes, et elle leur raconta l'histoire du vilain petit canard. «Il n'est pas si vilain que ça,» dirent les cygnes. Et un monsieur cygne, avec un magnifique plastron blanc et de beaux pieds vernis, déclara: «Qu'il reste parmi nous, et dans trois mois je lui donne ma fille en mariage.» [Illustration] DEMOISELLE Savez-vous ce que c'est qu'une demoiselle? Une demoiselle est une longue et jolie mouche qui habite près des ruisseaux et des étangs sur une feuille de nénuphar. [Illustration] On l'appelle demoiselle parce qu'elle a la taille fine, un corselet de satin vert, des ailes aussi délicates que la mousseline de vos robes, et parce qu'elle se pose souvent au bord de sa feuille pour se regarder dans l'eau, comme les vraies demoiselles se regardent dans leur miroir. ESCARGOT I Il y avait une fois un monsieur et une madame Escargot qui vivaient sur un chou. Ils étaient gros, gras et luisants, et ils auraient pu être heureux. Mais ils n'avaient pas d'enfant, et cela leur manquait beaucoup. Un jour, vint à passer près de leur chou un pauvre petit escargot maigre qui leur demanda l'aumône. Ils le questionnèrent et ils apprirent qu'il était orphelin. [Illustration] Aussitôt Mme Escargot, tout attendrie, dit à son mari: «Si nous l'adoptions? --J'allais te le proposer,» répondit M. Escargot. Et il sortit presque entièrement de sa maison pour embrasser son nouveau fils. En peu de temps, le petit escargot devint gros, gras et luisant. Alors la mère Escargot dit au père Escargot: «Mon ami, il faut marier notre fils. Il faut lui chercher une jolie fille de notre monde, afin que nous ayons de beaux petits-enfants. --J'allais te le proposer, répondit le mari. Mais à qui nous adresser pour cela? --De mon balcon vert, dit Mme Escargot, je vois le peuple des fourmis... [Illustration] [Illustration] FOURMI II «Le peuple des fourmis, dit Mme Escargot, est un peuple actif qui va et vient sans cesse sur les routes de France et qui doit connaître beaucoup de gens et être au courant de beaucoup de choses. Nous allons demander aux fourmis si elles ne connaîtraient pas une jeune fille digne d'épouser notre escargoton. [Illustration] --J'allais te le proposer,» dit le père Escargot. Et il descendit de son balcon avec sa femme pour interroger les fourmis. Les fourmis répondirent: «Justement, nous avons ce qu'il vous faut. A quelques mètres d'ici, dans le trou d'un vieux mur, vit une demoiselle Escargot de la plus jolie coquille, dont on a dernièrement fait cuire les parents. La pauvrette est toute seule au monde. --Elle ne restera pas seule longtemps, s'écrièrent ensemble M. et Mme Escargot. Allez, je vous prie, la demander en mariage pour monsieur notre fils.» Les fourmis se mirent en route et arrivèrent près du vieux mur où l'orpheline pleurait ses parents qu'on avait fait cuire. Elle fut si heureuse de la proposition, qu'elle accorda tout de suite sa main, même sans le connaître, au fils adoptif des vieux escargots, et qu'elle se mit en marche, en bavant de joie tout le long du chemin. Mais elle n'avançait pas vite. Alors les fourmis fabriquèrent avec des brins d'herbe une chaise à porteur qu'elles chargèrent sur leurs épaules. Et c'est ainsi que la pauvre orpheline arriva, après plusieurs jours, au chou de ses beaux-parents et dans les bras de son fiancé. [Illustration] GATEAU On avait donné à deux enfants un gros gâteau et un petit, en leur disant: «Partagez!» Les deux enfants étaient une petite fille de six ans et un petit garçon de quatre ans. «Tiens! dit la petite fille, prends ce joli petit gâteau. Moi, je mangerai ce vilain gros. --J'aime mieux le vilain gros, dit le petit garçon. --Mais puisqu'il est vilain! --Oui, mais il est gros!» [Illustration] HIRONDELLE Tout le monde sait que les hirondelles s'en vont l'hiver dans les pays chauds et ne reviennent qu'au printemps. [Illustration] Pour faire ce long voyage, les mères hirondelles rassemblent leurs petits autour d'elles. Mais une pauvre petite hirondelle, qui était tombée du nid un jour de grand vent, boitait encore un peu et ne put pas s'envoler avec ses frères et soeurs. [Illustration] Elle resta tristement au bord du toit, d'où elle vit s'éloigner sa famille, et elle serait certainement morte de faim, de froid et de chagrin, si les enfants de la maison ne l'avaient recueillie. Ils la mirent dans une cage, à côté du poêle; ils la nourrirent de mouches et de vers, si bien que l'hirondelle était en très bonne santé et ne boitait plus du tout au retour du printemps. Et quand les parents de l'hirondelle revinrent des pays chauds, les enfants ouvrirent la cage. La petite hirondelle reconnut sa mère et, avec des cris de joie, elle se jeta dans ses ailes. [Illustration] IBIS Dans la basse-cour d'un château se trouva, parmi toutes sortes de volailles, un ibis rose. Il avait été rapporté d'Égypte par le fils de la maison, qui était grand voyageur. Au commencement, on eut beaucoup d'égards pour ce noble étranger. Aussitôt que l'ibis déployait ses ailes, les pigeons roucoulaient: «Oh! que c'est beau! On dirait des pêchers en fleur!» [Illustration] Les poules admiraient la courbe élégante de son bec. Les canards, qui sont si bas sur pattes, regardaient avec envie les longues jambes de l'ibis, qui semblaient peintes au ripolin rose. [Illustration] Flatté, l'ibis marchait de long en large. Il leur parlait de sa patrie l'Égypte, du Nil, des autruches, des pyramides et des minarets du Caire. D'abord on l'avait écouté avec respect; mais peu à peu on trouva qu'il racontait toujours la même chose. Le dindon disait avec colère: «Quel rabâcheur!» [Illustration] La pintade se moquait de son nez d'ivrogne, et un caneton poussa l'impertinence jusqu'à lui demander combien les baguettes qui lui servaient de jambes lui avaient coûté le centimètre. [Illustration] Alors le pauvre ibis rose se retira dans un coin. Et il se tenait tout raide sur une patte, rêvant de son pays, du Nil, des pyramides et des minarets. JOUETS [Illustration] [Illustration] Un petit garçon de la ville, Robert, avait des jouets à mécanique, très chers, qu'il fallait toujours remonter, qui se cassaient très souvent et qui ne l'amusaient pas du tout. [Illustration] Un jour, il rencontra un petit garçon de la campagne, Mathieu, à qui ses parents ne donnaient pas de jouets, mais qui fabriquait lui-même des sifflets, des canons ou des pompes avec du sureau, des noyaux d'abricots et des pailles. [Illustration] «Oh! que c'est joli et amusant! dit Robert. Apprends-moi comment tu fais.» Mathieu le lui apprit. Robert vendit à une vieille marchande de bric-à-brac ses jouets mécaniques devenus inutiles, et, avec les sous qu'il en retira, il acheta des gâteaux, que les deux enfants mangèrent de grand appétit. [Illustration] KANGOUROU [Illustration] Du temps où les kangourous vivaient dans le paradis terrestre, leurs pattes de devant étaient aussi longues que celles de derrière. [Illustration] Mais, à cause de cette longueur de leurs pattes, les kangourous étaient devenus extrêmement voleurs. Ils n'avaient qu'à étendre le bras pour attraper les branches et cueillir les plus beaux fruits, qu'ils enfouissaient ensuite dans la grande poche qu'ils portent sur le ventre. Ainsi ils dépouillaient les arbres du paradis. [Illustration] Les autres bêtes, qui ne pouvaient pas en faire autant, se plaignirent au bon Dieu. Le bon Dieu fit venir devant lui les kangourous et, pour qu'il leur fût plus difficile de voler les fruits, il leur raccourcit les pattes de devant. Depuis ce temps-là, les kangourous ont ces moignons que vous voyez sur l'image, et la poche de leur ventre ne leur sert plus que pour y cacher leurs petits. [Illustration] LOUP Quand le loup eut mangé les six petits biquets, il se sentit le ventre si lourd, qu'il alla faire un somme derrière le puits. [Illustration] Il avait oublié de manger le septième petit biquet, qui s'était caché sous le lit. Aussi, quand la mère chèvre revint du marché avec un panier au bras, ce fut ce petit biquet qui lui apprit que le loup avait mangé ses six petits frères. «Ah! mes enfants! mes chers enfants!» chevrotait la chèvre en essuyant ses yeux avec un coin de son tablier. Mais, retrouvant son courage, elle prit son dernier-né par la main et se mit à la recherche du loup. Elle ne fut pas longtemps à le trouver qui dormait sur ses deux oreilles derrière le puits et qui ronflait de toutes ses forces. [Illustration] «Attends, brigand! dit la mère chèvre; tu vas voir!» Et, tirant de son panier un couteau de cuisine, d'un seul coup elle fend le ventre du loup dans toute sa longueur, et les six petits biquets sautent au cou de leur mère. Car le loup les avait avalés si goulûment, qu'il n'avait pas pris le temps de les mâcher et qu'ils étaient encore en vie. La chèvre et les biquets rirent et pleurèrent ensemble un instant; puis la mère dit: «Ce n'est pas tout! Allez vite me chercher six grosses pierres. Je vais les mettre à votre place dans le ventre du loup, et je lui recoudrai la peau. Comme cela, il ne s'apercevra de rien à son réveil.» Quand tout fut terminé, la mère et les enfants allèrent se cacher, pour voir ce que ferait le loup. Au bout d'un moment, il se réveilla, se frotta les paupières, puis se tâta le ventre. «Comme il est dur! grogna-t-il. Sans doute je n'ai pas bien digéré. Ah! je sais, j'ai oublié de boire.» Et, se levant, il alla vers le puits. Dans son ventre, les six pierres faisaient un bruit étrange. «Je ne sais vraiment pas ce qui cogne comme cela dans mon ventre!» dit le loup. Et il se pencha pour boire. [Illustration] Mais ce mouvement précipita les pierres l'une sur l'autre dans l'estomac du loup, leur poids l'entraîna en avant, et le vieux brigand tomba la tête en bas dans le fond du puits. Alors la chèvre et ses sept petits dansèrent autour du puits une ronde joyeuse. MOINEAU [Illustration] Dans un champ de millet, les moineaux venaient picorer les épis. Le chat du meunier les guettait depuis longtemps, sans réussir à les attraper; car, aussitôt qu'il s'approchait, les oiseaux s'envolaient. [Illustration] «Je vous prendrai quand même, petits nigauds,» dit le chat en méditant une ruse. Il alla tremper une de ses pattes de devant dans le ruisseau, puis il courut au moulin la plonger dans un tas de millet en grain, de façon que les grains restèrent collés autour de sa patte mouillée. «Ainsi, se dit-il, ma patte ressemblera à un gros épi de millet, et les oiseaux s'y laisseront prendre.» A cloche-pied, il gagne le champ de millet, s'y couche sur le dos et lève la patte en l'air. Les oiseaux la prirent pour un épi et se mirent à en picorer les grains. Alors vite, avec l'autre patte, le chat les attrapa. [Illustration] Bientôt les moineaux s'aperçurent du piège, et ils cherchèrent un autre champ. Mais l'un d'eux, qui avait failli être mangé, en garda une telle frayeur, qu'il prit désormais chaque épi pour une patte de chat, et jura de ne plus manger que des fruits pendus aux branches des arbres. NEIGE Quatre petites filles regardaient par la fenêtre la neige tomber. Elles étaient nées en Orient, où il ne fait jamais très froid, et c'était la première fois qu'elles voyaient de la neige. [Illustration] «Qu'est-ce que cela peut bien être? dit Léila, la plus petite. --Je sais, répondit Cora. On fait le ménage au ciel, et c'est la Sainte Vierge qui bat son lit de plumes. --Pas du tout, déclara Myriam; ce ne sont pas des plumes, mais des petits bouts de papier, et ce sont les anges qui vident les corbeilles où le petit Jésus a jeté les lettres que les enfants lui écrivent à Noël. Oui, oui, j'en suis sûre, je reconnais mon papier. --Moi, dit Séphora la gourmande, je crois que c'est du sucre. Si seulement on pouvait goûter!» Mais Daniel, leur grand frère, qui avait tout entendu, se mit à rire: «Ni sucre, ni lettres déchirées, ni plumes! C'est de la neige, de la neige comme il y en a tous les ans en Europe, de la neige avec laquelle on fait des boules de neige et un bonhomme de neige. Nous en ferons un demain, si vous êtes sages. --Quel dommage que ce ne soit pas du sucre!» soupira Séphora en passant sa langue sur la vitre. OREILLE [Illustration] Quand Noé eut rassemblé les animaux devant l'arche, il se dit: «Toutes ces bêtes vont sûrement se disputer et se mordre les oreilles. Il serait donc prudent de leur enlever les oreilles avant leur entrée dans l'arche. On les leur rendra à la sortie.» Il fit installer un vestiaire et donna l'ordre à ses fils d'y ranger les oreilles, à mesure que les bêtes se présenteraient. Le premier fut le chameau; puis vint le cheval, puis la vache, puis le chien, le mouton, le cochon, le chat, l'éléphant, le lapin, et enfin l'âne. Et tous, comme Noé l'avait commandé, ôtèrent leurs oreilles, et tous reçurent en échange un numéro de vestiaire, attaché à un cordon qu'ils passèrent autour de leur cou. Grâce à ces précautions, la paix régna dans l'arche pendant les quarante jours que dura le déluge. Le quarante et unième jour, Noé dit aux animaux: «Voilà le beau temps revenu. Je vais vous rendre vos oreilles, et vous pourrez retourner chez vous.» Alors, l'une après l'autre, toutes les bêtes passèrent au vestiaire, et elles reçurent leurs oreilles en échange du numéro. Le chameau arriva l'avant-dernier. Il ne restait plus que deux paires d'oreilles: les siennes, très grandes, et celles de l'âne, toutes petites. Mais avant que le bon chameau pût montrer son numéro, l'âne lui passa entre les jambes et se mit à brailler: [Illustration] «Monsieur Noé! monsieur Noé! donnez-moi mes oreilles. C'est cette grande paire-là. Je suis très pressé!» [Illustration] Le père Noé était si fatigué, qu'il ne fit pas attention au faux numéro que lui remit l'âne sournois. «Tu me casses la tête! Tiens, voilà ton bien, décampe!» Et Noé donna les superbes oreilles du chameau à l'âne, qui s'enfuit en pétaradant de joie. Quand le chameau ouvrit enfin ses babines pour réclamer son dû, il n'y avait plus dans le vestiaire que les oreilles de l'âne, dont il dut se contenter. Et voilà pourquoi le chameau, qui est une bête de grande taille, a des oreilles si courtes, tandis que l'âne, qui est beaucoup plus petit, en a de si longues. POIS Il y avait une fois un prince qui voulait se marier. [Illustration] Il voulait épouser une princesse, mais aucune de celles qu'on lui présenta ne lui parut assez princesse. Or, un jour d'orage, on sonna à la grille du château. Le roi alla ouvrir lui-même, et il trouva devant la grille une jeune fille dont les vêtements étaient trempés, les cheveux défaits et les souliers couverts de boue. Elle avait presque l'air d'une mendiante. Mais, quand le roi lui demanda qui elle était, elle répondit qu'elle était une princesse. Le roi la fit entrer au château. «Nous allons bien voir si c'est une princesse,» pensa la reine. Elle ordonna aux servantes de préparer un lit pour la jeune fille, mais de mettre un pois sous les vingt matelas qui composaient ce lit. Le lendemain, la reine demanda à la jeune fille comment elle avait dormi. «Très mal, répondit-elle. Il y avait je ne sais quoi de dur et de rond dans mon lit; j'en ai des bleus sur tout le corps. --Quel bonheur! pensa le prince, qui avait écouté derrière la porte. Pour avoir la peau si fine, il faut bien que ce soit une véritable princesse.» Et tout de suite il lui demanda sa main. [Illustration] QUEUE Une famille de rats habitait dans une cave remplie de marchandises. Les rats s'y trouvaient fort bien, car il y avait beaucoup de choses bonnes à manger, surtout du savon et de la chandelle. Il y avait aussi des tonneaux et des barils. On ne savait pas ce qu'ils contenaient. Mais un jour la mère Rat découvrit un tonneau dont la bonde était partie. Elle flaira, puis elle plongea sa queue dans le trou et la retira pour goûter. «Quelle chance! s'écria-t-elle, c'est du sirop de groseille. Vite, mes petits, venez vous régaler!» [Illustration] Mais les ratons glissaient sur le ventre du tonneau et ne pouvaient arriver au sommet. Restés en bas, ils pleuraient de dépit et de gourmandise. Alors la mère Rat eut une idée. Elle alla de nouveau plonger sa queue dans le trou; puis, quand sa queue fut bien imbibée de sirop, elle courut au bord du tonneau et, se retournant, elle la laissa pendre. Les ratons, en se haussant sur les pattes de derrière, purent l'atteindre, et chacun à son tour lécha le bout de la queue, comme si c'était un sucre d'orge. Vingt fois, cent fois, la mère Rat alla de la bonde au bord du tonneau. En quelques jours il fut à moitié vide, et la queue de la mère Rat n'était plus assez longue pour tremper dans ce qui restait de sirop. Mais un peu plus loin il y avait un autre baril qui était à moitié défoncé. «Ce sera encore plus commode,» se dit la mère Rat. Et, sans prendre la précaution de flairer, elle plongea sa queue au fond du tonneau. Mais, quand elle voulut la retirer, elle poussa un cri de douleur. Sa queue ne venait pas, sa queue était collée, sa queue s'était enfoncée dans un tonneau de glu. [Illustration] ROSSIGNOL L'empereur de Chine avait dans son jardin un rossignol qui s'appelait Bulbul et qui était son ami. Bulbul venait manger dans sa main, et, la nuit, quand l'empereur ne pouvait pas dormir, Bulbul chantait si bien, que l'empereur oubliait tous les soucis de son métier. Mais un jour son ministre lui dit: «Je connais un rossignol qui chante aussi le jour et qui a un bien beau plumage.» [Illustration] Et il apporta à l'empereur un oiseau peint de brillantes couleurs et que l'on remontait avec une clef pour le faire chanter. Et l'empereur trouva le nouveau rossignol si joli, et il écoutait si souvent sa chanson, qu'il oublia son Bulbul. Et Bulbul serait mort de faim si la petite fille de la cuisinière ne l'avait adopté. Mais, à force de remonter le rossignol mécanique, la clef cassa, et l'oiseau cessa de chanter. Personne ne put le raccommoder, et l'empereur devint si triste, qu'il tomba gravement malade. Mais, une nuit qu'il était près de mourir, il entendit soudain à côté de son lit une voix si mélodieuse, qu'il se sentit revenir à la vie. C'était Bulbul qui chantait. Et Bulbul chanta jusqu'à ce que l'empereur fût complètement guéri. «Oh! Bulbul, dit l'empereur, ton plumage est moins joli, et tu ne chantes pas tout le temps comme l'autre; mais tu es un ami, et tu viens quand on a besoin de toi.» Et l'empereur reconnaissant commanda pour Bulbul une cage d'or et une petite couronne de diamants. [Illustration] SAPIN [Illustration] Il y avait un petit sapin qui rêvait d'être mât de navire afin de voyager et de voir le monde. Quand il fut grand, on l'abattit, on le dépouilla de son écorce, et il devint, selon son voeu, grand mât sur une frégate. Mais il s'ennuyait à cause de la longueur et de la monotonie des traversées. «Ah! disait-il, comme il faisait bon dans ma forêt natale! J'avais de la mousse à mes pieds et quelquefois des nids dans mes branches; et les petits enfants ramassaient mes aiguilles, et souvent ils dansaient des rondes en chantant autour de mon tronc. Et maintenant je suis tout sec, tout nu et tout seul. Ah! si j'avais su! Si seulement j'avais pu être mât de cocagne!» Et il soupira si fort, que tous les cordages en craquèrent. Mais à ce moment un vol d'hirondelles passa au-dessus de la mer. Elles venaient des pays du Nord et s'en allaient en Égypte. Elles descendirent sur le navire et se posèrent sur le mât, qu'elles couvrirent presque entièrement de leurs ailes. Le mât entendit même leurs petits coeurs battre, et leurs plumes qui le frôlaient faisaient comme un bruissement de feuilles. Il écoutait ce qu'elles disaient entre elles. Elles parlaient justement de son pays, d'où elles venaient. Et le pauvre sapin se sentit si heureux, qu'il s'endormit en se figurant qu'on l'avait ramené dans sa forêt. [Illustration] TORTUE Jean, Pierre et Paul étaient allés aux courses avec leurs parents. Ils avaient vu courir des chevaux, et cela les avait beaucoup amusés. Rentrés à la maison, Jean dit à ses frères: «Si nous faisions courir, nous aussi? --Mais nous n'avons pas de chevaux, répondit Pierre. --Qu'est-ce que cela fait? Nous avons chacun une tortue, et des tortues peuvent tout aussi bien courir que des chevaux; plus lentement, voilà tout.» [Illustration] Chaque enfant alla donc chercher sa tortue. Puis ils choisirent trois beaux escargots, qui seraient les jockeys. Jean apporta sa boîte à couleurs, et il peignit à chaque escargot une casaque différente, une jaune, une rouge, une verte. Il voulut aussi leur fabriquer des casquettes. Mais les escargots dirent: «Non, merci,» et rentrèrent leurs cornes. Les trois enfants préparèrent une piste dans le jardin, avec des poteaux au bout, et une tribune avec des roses et des oeillets, qui figuraient les dames élégantes. Puis ils alignèrent leurs trois tortues montées par les trois escargots, et Jean donna le signal du départ. Mais, hélas! aucune des trois tortues ne bougea. Alors Pierre courut chercher son tambour, et Paul chatouilla la queue des tortues avec des brindilles. Les tortues se décidèrent enfin à partir. Mais, au lieu d'aller droit devant elles, elles allaient à droite ou à gauche, et la tortue de Paul revint même en arrière. Alors Jean eut une idée: «Si nous mettions des salades au lieu de poteaux!» Et vite, au bout de la piste, les enfants plantèrent trois belles salades. Quand les tortues virent cette appétissante verdure, elles se mirent en marche toutes seules, et celle de Jean avança si rapidement que son jockey, je veux dire son escargot, roula à terre. Elle arriva la première au but; et, pour sa récompense, on lui donna à manger les poteaux, je veux dire les salades, et même les roses et les oeillets de la tribune, qui figuraient les dames élégantes. [Illustration] [Illustration] UNIVERS C'est un bien grand mot et une bien grande chose aussi; car cela veut dire le monde entier. Mais cela peut signifier aussi l'endroit où l'on vit, où l'on a ses habitudes et où l'on est heureux. Ainsi, la salle à manger est l'univers de la mouche. L'étang est l'univers du poisson. La prairie est l'univers de la vache. La forêt est l'univers du lapin. Le village ou la ville est votre univers à vous, mes enfants; et, quand vous serez grands, ce sera la France entière, avec ses mers, ses îles, ses colonies, et tout ce que vous saurez voir, et tout ce que vous saurez comprendre. [Illustration] VIOLETTES [Illustration] Vous savez, mes enfants, que les violettes sont l'emblème de la modestie. Car elles poussent dans les bois obscurs, à l'ombre d'autres plantes; et même elles cachent leur visage délicat derrière leurs grandes feuilles vertes, comme font les jeunes filles timides derrière leur éventail. Or, un jour, un poète se promena dans une forêt où il y avait beaucoup de violettes qui embaumaient l'air délicieusement. Grisé par ce parfum, il fit des vers en l'honneur de l'humble fleur des bois, et il les récita tout haut. A ses pieds, une violette l'entendit. Elle crut qu'il ne parlait que pour elle, et de se savoir ainsi chantée par un poète, cela lui fit oublier toute modestie. Elle allongea son cou derrière ses feuilles, tourna vaniteusement sa tête à gauche et à droite, et se mira avec complaisance dans une grosse goutte de rosée qui était restée pendue à un brin d'herbe. «Ah! disait-elle, que je suis jolie et que je sens bon! Je dois être plus jolie que les autres fleurs, et mon parfum doit être plus agréable que tous les autres parfums de la forêt, puisque c'est sur moi seule que le poète a fait des vers.» Mais à ce moment passa la vieille fée des bois qui est la surveillante des fleurs. Avec sa baguette, elle donna une tape sur la joue de la violette. «Petite impudente! dit-elle, rentrez sous votre feuille, et pour vous punir de votre vanité, je vous enlève votre parfum.» Violette fut désolée. Elle pleura tant, qu'une jeune fée, qui venait en promenade de ce côté, eut pitié d'elle. «Pauvre petite, dit-elle, je ne peux plus te rendre ton parfum; mais, puisque tu as tant de chagrin, je fais de tes larmes des pétales plus clairs, des pétales mauves; et du moins, si tu n'es pas odorante, tu seras plus jolie.» Et, ayant dit, la fée changea la violette des bois en une violette de Parme. Et voilà pourquoi les violettes de Parme n'ont pas de parfum. [Illustration] XAVIER Le petit Xavier dit à ses petits camarades, Maurice et Jean: «Jouons! Je serai le cocher, Maurice sera le cheval, et Jean sera le chien qui aboie après la voiture.» Maurice fit très bien le cheval. Il hennissait, levait les pieds très haut et paraissait s'amuser beaucoup. Alors Xavier dit: «Je voudrais être le cheval. --Comme tu voudras,» dit le petit Maurice. Le petit Jean, qui faisait toujours le chien, aboyait de toutes ses forces, courait à droite et à gauche, et semblait très content. Alors Xavier dit: «Je voudrais être le chien.» [Illustration] Mais sa mère, qui regardait jouer les trois enfants, dit à Xavier: «Je crois bien que tu voudrais être à la fois le cocher, le cheval et le chien. --Oh! oui, dit Xavier. --Mais on ne peut pas être tout. Il faut choisir. --C'est bien ennuyeux.» YVONNE Yvonne était une petite fille qui ne pouvait pas se tenir tranquille à table. Elle gigotait, elle se penchait à droite, à gauche, en avant, en arrière; elle descendait de sa chaise pour jouer avec le chien Médor, ou elle prenait la chatte Minouche sur ses genoux. Sa mère la grondait, son père la punissait, mais Yvonne ne se corrigeait pas. Un jour, c'était un dimanche, il y avait un très bon déjeuner, une crème au chocolat et beaucoup de gâteaux. Yvonne avait promis d'être sage, parce qu'elle ne voulait pas être privée de dessert. Au commencement, tout alla bien. Mais peu à peu la petite fille fut reprise par sa mauvaise habitude: elle se balança sur sa chaise, en avant et en arrière, tandis que le chien Médor et la chatte Minouche la regardaient avec un air de dire: «Prends garde! prends garde! Nous connaissons quelqu'un qui va tomber.» Et en effet, tout à coup, elle perdit l'équilibre. Elle voulut se retenir à la table; elle se cramponna à la nappe, et patatras! Tout se renversa sur elle et sur sa chaise, tout, les plats, les bouteilles, les verres, les fourchettes et la crème. Elle eut mal aux bras et aux jambes, et on dut l'emporter dans son lit. Médor et Minouche se lamentèrent d'abord, puis ils se consolèrent en mangeant sous la table la crème et les gâteaux. [Illustration] ZÉRO Dans la vie, quand on n'est bon à rien, les autres vous appellent un «zéro». Appliquez-vous donc à bien apprendre votre alphabet et à lire ces contes, et je vous jure qu'on ne dira jamais de vous: «La petite Marie? Le petit Jean? Oh! c'est un zéro.» [Illustration] 40840.--TOURS, IMPRIMERIE MAME * * * * * Au lecteur: Cette version électronique reprend l'intégralité du texte de la version papier. Concernant l'orthographe, un mot a été corrigé: page 30: "Attend" remplacé par "Attends" (Attends, brigand!) *** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK ABC: PETITS CONTES *** Updated editions will replace the previous one—the old editions will be renamed. Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright law means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to copying and distributing Project Gutenberg™ electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG™ concept and trademark. Project Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you charge for an eBook, except by following the terms of the trademark license, including paying royalties for use of the Project Gutenberg trademark. If you do not charge anything for copies of this eBook, complying with the trademark license is very easy. You may use this eBook for nearly any purpose such as creation of derivative works, reports, performances and research. Project Gutenberg eBooks may be modified and printed and given away—you may do practically ANYTHING in the United States with eBooks not protected by U.S. copyright law. Redistribution is subject to the trademark license, especially commercial redistribution. START: FULL LICENSE THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK To protect the Project Gutenberg™ mission of promoting the free distribution of electronic works, by using or distributing this work (or any other work associated in any way with the phrase “Project Gutenberg”), you agree to comply with all the terms of the Full Project Gutenberg™ License available with this file or online at www.gutenberg.org/license. Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg™ electronic works 1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg™ electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to and accept all the terms of this license and intellectual property (trademark/copyright) agreement. If you do not agree to abide by all the terms of this agreement, you must cease using and return or destroy all copies of Project Gutenberg™ electronic works in your possession. If you paid a fee for obtaining a copy of or access to a Project Gutenberg™ electronic work and you do not agree to be bound by the terms of this agreement, you may obtain a refund from the person or entity to whom you paid the fee as set forth in paragraph 1.E.8. 1.B. “Project Gutenberg” is a registered trademark. It may only be used on or associated in any way with an electronic work by people who agree to be bound by the terms of this agreement. There are a few things that you can do with most Project Gutenberg™ electronic works even without complying with the full terms of this agreement. See paragraph 1.C below. There are a lot of things you can do with Project Gutenberg™ electronic works if you follow the terms of this agreement and help preserve free future access to Project Gutenberg™ electronic works. See paragraph 1.E below. 1.C. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation (“the Foundation” or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project Gutenberg™ electronic works. Nearly all the individual works in the collection are in the public domain in the United States. If an individual work is unprotected by copyright law in the United States and you are located in the United States, we do not claim a right to prevent you from copying, distributing, performing, displaying or creating derivative works based on the work as long as all references to Project Gutenberg are removed. Of course, we hope that you will support the Project Gutenberg™ mission of promoting free access to electronic works by freely sharing Project Gutenberg™ works in compliance with the terms of this agreement for keeping the Project Gutenberg™ name associated with the work. You can easily comply with the terms of this agreement by keeping this work in the same format with its attached full Project Gutenberg™ License when you share it without charge with others. 1.D. The copyright laws of the place where you are located also govern what you can do with this work. Copyright laws in most countries are in a constant state of change. If you are outside the United States, check the laws of your country in addition to the terms of this agreement before downloading, copying, displaying, performing, distributing or creating derivative works based on this work or any other Project Gutenberg™ work. The Foundation makes no representations concerning the copyright status of any work in any country other than the United States. 1.E. Unless you have removed all references to Project Gutenberg: 1.E.1. The following sentence, with active links to, or other immediate access to, the full Project Gutenberg™ License must appear prominently whenever any copy of a Project Gutenberg™ work (any work on which the phrase “Project Gutenberg” appears, or with which the phrase “Project Gutenberg” is associated) is accessed, displayed, performed, viewed, copied or distributed: This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you will have to check the laws of the country where you are located before using this eBook. 1.E.2. If an individual Project Gutenberg™ electronic work is derived from texts not protected by U.S. copyright law (does not contain a notice indicating that it is posted with permission of the copyright holder), the work can be copied and distributed to anyone in the United States without paying any fees or charges. If you are redistributing or providing access to a work with the phrase “Project Gutenberg” associated with or appearing on the work, you must comply either with the requirements of paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 or obtain permission for the use of the work and the Project Gutenberg™ trademark as set forth in paragraphs 1.E.8 or 1.E.9. 1.E.3. If an individual Project Gutenberg™ electronic work is posted with the permission of the copyright holder, your use and distribution must comply with both paragraphs 1.E.1 through 1.E.7 and any additional terms imposed by the copyright holder. Additional terms will be linked to the Project Gutenberg™ License for all works posted with the permission of the copyright holder found at the beginning of this work. 1.E.4. Do not unlink or detach or remove the full Project Gutenberg™ License terms from this work, or any files containing a part of this work or any other work associated with Project Gutenberg™. 1.E.5. Do not copy, display, perform, distribute or redistribute this electronic work, or any part of this electronic work, without prominently displaying the sentence set forth in paragraph 1.E.1 with active links or immediate access to the full terms of the Project Gutenberg™ License. 1.E.6. You may convert to and distribute this work in any binary, compressed, marked up, nonproprietary or proprietary form, including any word processing or hypertext form. However, if you provide access to or distribute copies of a Project Gutenberg™ work in a format other than “Plain Vanilla ASCII” or other format used in the official version posted on the official Project Gutenberg™ website (www.gutenberg.org), you must, at no additional cost, fee or expense to the user, provide a copy, a means of exporting a copy, or a means of obtaining a copy upon request, of the work in its original “Plain Vanilla ASCII” or other form. Any alternate format must include the full Project Gutenberg™ License as specified in paragraph 1.E.1. 1.E.7. Do not charge a fee for access to, viewing, displaying, performing, copying or distributing any Project Gutenberg™ works unless you comply with paragraph 1.E.8 or 1.E.9. 1.E.8. You may charge a reasonable fee for copies of or providing access to or distributing Project Gutenberg™ electronic works provided that: • You pay a royalty fee of 20% of the gross profits you derive from the use of Project Gutenberg™ works calculated using the method you already use to calculate your applicable taxes. The fee is owed to the owner of the Project Gutenberg™ trademark, but he has agreed to donate royalties under this paragraph to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation. Royalty payments must be paid within 60 days following each date on which you prepare (or are legally required to prepare) your periodic tax returns. Royalty payments should be clearly marked as such and sent to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation at the address specified in Section 4, “Information about donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation.” • You provide a full refund of any money paid by a user who notifies you in writing (or by e-mail) within 30 days of receipt that s/he does not agree to the terms of the full Project Gutenberg™ License. You must require such a user to return or destroy all copies of the works possessed in a physical medium and discontinue all use of and all access to other copies of Project Gutenberg™ works. • You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of any money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the electronic work is discovered and reported to you within 90 days of receipt of the work. • You comply with all other terms of this agreement for free distribution of Project Gutenberg™ works. 1.E.9. If you wish to charge a fee or distribute a Project Gutenberg™ electronic work or group of works on different terms than are set forth in this agreement, you must obtain permission in writing from the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, the manager of the Project Gutenberg™ trademark. Contact the Foundation as set forth in Section 3 below. 1.F. 1.F.1. Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread works not protected by U.S. copyright law in creating the Project Gutenberg™ collection. Despite these efforts, Project Gutenberg™ electronic works, and the medium on which they may be stored, may contain “Defects,” such as, but not limited to, incomplete, inaccurate or corrupt data, transcription errors, a copyright or other intellectual property infringement, a defective or damaged disk or other medium, a computer virus, or computer codes that damage or cannot be read by your equipment. 1.F.2. LIMITED WARRANTY, DISCLAIMER OF DAMAGES - Except for the “Right of Replacement or Refund” described in paragraph 1.F.3, the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, the owner of the Project Gutenberg™ trademark, and any other party distributing a Project Gutenberg™ electronic work under this agreement, disclaim all liability to you for damages, costs and expenses, including legal fees. YOU AGREE THAT YOU HAVE NO REMEDIES FOR NEGLIGENCE, STRICT LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE PROVIDED IN PARAGRAPH 1.F.3. YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH DAMAGE. 1.F.3. LIMITED RIGHT OF REPLACEMENT OR REFUND - If you discover a defect in this electronic work within 90 days of receiving it, you can receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending a written explanation to the person you received the work from. If you received the work on a physical medium, you must return the medium with your written explanation. The person or entity that provided you with the defective work may elect to provide a replacement copy in lieu of a refund. If you received the work electronically, the person or entity providing it to you may choose to give you a second opportunity to receive the work electronically in lieu of a refund. If the second copy is also defective, you may demand a refund in writing without further opportunities to fix the problem. 1.F.4. Except for the limited right of replacement or refund set forth in paragraph 1.F.3, this work is provided to you ‘AS-IS’, WITH NO OTHER WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO WARRANTIES OF MERCHANTABILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE. 1.F.5. Some states do not allow disclaimers of certain implied warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages. If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by the applicable state law. The invalidity or unenforceability of any provision of this agreement shall not void the remaining provisions. 1.F.6. INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone providing copies of Project Gutenberg™ electronic works in accordance with this agreement, and any volunteers associated with the production, promotion and distribution of Project Gutenberg™ electronic works, harmless from all liability, costs and expenses, including legal fees, that arise directly or indirectly from any of the following which you do or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg™ work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any Project Gutenberg™ work, and (c) any Defect you cause. Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg™ Project Gutenberg™ is synonymous with the free distribution of electronic works in formats readable by the widest variety of computers including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from people in all walks of life. Volunteers and financial support to provide volunteers with the assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg™’s goals and ensuring that the Project Gutenberg™ collection will remain freely available for generations to come. In 2001, the Project Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure and permanent future for Project Gutenberg™ and future generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 and the Foundation information page at www.gutenberg.org. Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non-profit 501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal Revenue Service. The Foundation’s EIN or federal tax identification number is 64-6221541. Contributions to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by U.S. federal laws and your state’s laws. The Foundation’s business office is located at 809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887. Email contact links and up to date contact information can be found at the Foundation’s website and official page at www.gutenberg.org/contact Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation Project Gutenberg™ depends upon and cannot survive without widespread public support and donations to carry out its mission of increasing the number of public domain and licensed works that can be freely distributed in machine-readable form accessible by the widest array of equipment including outdated equipment. Many small donations ($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt status with the IRS. The Foundation is committed to complying with the laws regulating charities and charitable donations in all 50 states of the United States. Compliance requirements are not uniform and it takes a considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up with these requirements. We do not solicit donations in locations where we have not received written confirmation of compliance. To SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any particular state visit www.gutenberg.org/donate. While we cannot and do not solicit contributions from states where we have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition against accepting unsolicited donations from donors in such states who approach us with offers to donate. International donations are gratefully accepted, but we cannot make any statements concerning tax treatment of donations received from outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff. Please check the Project Gutenberg web pages for current donation methods and addresses. Donations are accepted in a number of other ways including checks, online payments and credit card donations. To donate, please visit: www.gutenberg.org/donate. Section 5. General Information About Project Gutenberg™ electronic works Professor Michael S. Hart was the originator of the Project Gutenberg™ concept of a library of electronic works that could be freely shared with anyone. For forty years, he produced and distributed Project Gutenberg™ eBooks with only a loose network of volunteer support. Project Gutenberg™ eBooks are often created from several printed editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper edition. Most people start at our website which has the main PG search facility: www.gutenberg.org. This website includes information about Project Gutenberg™, including how to make donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.