Title: Les Visages Du Temps: Poésie
Author: Huguette Bertrand
Release date: October 1, 2003 [eBook #4568]
Most recently updated: April 19, 2023
Language: French
The
Project Gutenberg Etext of Les Visages du temps, poésie by
Huguette Bertrand, 1942-
Language : French - HTML edition- Released : February 2002 ** This is a COPYRIGHTED Project Gutenberg Etext. ** Copyright © 2002 by Huguette Bertrand |
Première partie
LES
VISAGES DU TEMPS Tellement loin tellement proche quand ça fourmille d'habitudes de grimaces entortillées autour du présent ça remonte et ça descend des rivières infinies frôle les astres dans l'immensité du coeur ses musiques d'accords brisés fragments d'un noir soleil répandus sur la peau des fleurs rosée matinale sur le visage toujours révélé par le frisson des pas absents Cette faim d'hier soulève les heures mortes caresse le contour des saisons quand tout commence à frémir dans ce gel du temps gel de nos temps racoleurs s'agrippe entenaille les désirs désirs de retrouvailles des premiers sons de la terre me transportent sur leurs vagues dérivent sur une lumière au gré des mouvements tendres fulgurants m'empoignent me ramènent sur des grèves impossibles vibrent de mots naissants vont me perdre dans le silence à tout jamais |
Naître
dans le giron des couleurs nues |
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SI
TANT DOUX Si les ailes te poussent rose de nuit la lune te semblera ailée la nuit te portera vers des étoiles à faire craquer le coeur si tendre si doux si tant doux au temps doux du temps |
PLEIN
SILENCE |
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FONTE Ce ciel d'avril lance ses éclaboussures de soleil fondant sur mes âges fragiles J'ai mille ans peut-être même plus. Je ne compte pas mes pas d'un temps défini. Je préfère l'infini, l'ailleurs, l'innombrable. J'erre au delà des habitudes. Je parle en langue svelte, langue incontournable des émois lancinants. Un lance-émois, une plate-forme pour les âmes habituées au silence. Lancez-moi par-dessus bord et je ferai dix vagues a capella. J'accaparerai vos émois à en faire sauter vos fusibles. Sans doute qu'il fera noir. Mais le noir, ça n'a jamais tué personne. S'il n'y avait pas de noir, on ne pourrait le comparer au blanc. Pellicule renversante plongée dans l'onde d'une âme multiple en tournée dans le sens des aiguilles. Ne laisse aucun repos dans le lit des indépendances. Ne laisse aucun choix d'approuver ou de désapprouver. Ne laisse passer qu'une infime lueur à travers le voile opaque de la peine heureuse. Ne reste qu'à parler du silence têtu à travers le grillage des interruptions des absolus dans ce rêve infini d'images de sens livrés au sens un silence de mort prématuré rassembleur de fausse monnaie |
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INSPIR
LIQUIDE |
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MYSTÈRE
DES BÊTES À PAROLES Drôle de bêtes emprisonnées dans des corps trop lourds. Prisons humaines dans le jouissif des séductions, éclatent en moments insaisissables, s'écrivent et fusent essentiel à travers le voile du non dit. Fuse la paix des linges transportés par les marées Fusent les marées silencieuses jusqu'à l'intime des solitudes Fuse la solitude parmi les lueurs de la beauté Fuse la beauté des langues apprises dans le secret des complicités Fuse la complicité des mots approuvés par le désir Fusent les désirs jumelés aux verbes entretenus Fuse le verbe fermenté dans l'écho dans l'espace dans l'extase |
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PLAGE
SAGE |
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FRÔLEMENT
DROLEMENT Au jardin des prononciations une parole remue la terre creuse des sillons sème des signes vertigineux quand la main frôle l'instant |
ERREMENT Les vertiges parcourent les nuits ondulées vestiges des mouvances d'une lune ancienne délaissée sur la page des enchantements |
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À
L'ÉCRAN L'ERRANCE Quand les battements sont de rigueur le convenu devient obscène de nulle part de partout la langue viole l'indicible se moque des chastetés intelligibles en ces moments d'ablution sous-marine sous-jacente emportés dans ce remous des voix caressantes donne du sens aux sens dans les parfums que répandent les cris À l'infini des courbes les odeurs du silence rampent jusqu'à l'essentiel encerclé par les instants d'une surface démesurée espace des transfigurations |
RESSEMBLANCE En leurs chastes tutoiements les solitudes s'absentent jusqu’au quai des emportements où la vague s'obstine touche secoue prononce la courbe du corps des mots dans l'espace hume le parfum des cris poreux Long comme le jour un baiser se prolonge dans l'interdit croisent les langues perdues dans ce lieu fluide des rapprochements |
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ENTRE
GUILLEMETS Perdus dans les forêts du Nord, les secrets glissent dans le silence, accordés aux bruits d'un big town, dans une chambre errante entre les errances, s'absorbent, dérivent sur les jours. entre guillemets reposent me reposent sur un temps démesuré me projettent sur l'aube d'un regard nu le ventre aspiré par les battements fluides du va-et-vient des mots en ce non dit de l'existence insatiablement le silence des nuits enchante le contour des jours |
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CRUE
ROSE |
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AU
COEUR L'INSTANT ...et l'ombre la regarde sous sa nappe brillante comme le jour ressuscité la regarde à travers la main qui tire les mots hors de l'ombre Cette main ensoleillée pose ses empreintes au coeur de l'instant verse des lumières effervescentes sur l'horizon devant la mer enroule les jours autour du corps dressé les écrits la déplient la fibre suit le mouvement des vagues dérive le paysage en sa nuit |
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LE
TEMPS ABOLI |
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TRACÉ Dans le suivi du mouvement, des murmures renaissent, toujours renouvelés malgré l'absence, dans ce jus humain comme un rappel de nos ressemblances.
Elle s'en retourne aux abois sur le tracé invisible d'une mémoire vive |
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PRONONCIATION Les mots me parcourent dans tous les sens par ma démesure toujours me ramènent à l'essentiel ce ne sont pas que des mots c'est une parole qui se prononce dans le prononcé de l'être c'est une mémoire en mouvement me déchaîne me renvoie au silence me reprend me projette entre les failles des murs au menu de l'nterdit |
SOUSJACENDRES En ses coulées une montagne écoute les plaintes d'un monde éclaté douce violence douce présence doux est l'écho souvenu trop forte chose trop forte dose oeuvrent les désirs en ce silence phosphorescent |
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PACTE
IMPACT Liée au blanc originel une absence hante l'histoire cache ses échos sous la langue renouvelle la couleur du vivant ses coulée de lumière déversées sur des montagnes de silences projette sur le tableau l'image d'un chant immobile |
SUEURS
D'ENFANCE À même la vie les petits esclaves que la cupidité soustraie de leur enfance ne chôment pas de leur âme perlent des sueurs sur leurs rêves désenchantés ils rampent vers leur nuit abandonnée à l'espoir d'un simple sourire au coeur de leur émoi |
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CONTACT Des poussées de violence contenues dans un tout petit rien primaire s'épellent sur quelques lignes partagées éclatent sur les jours sans fracasser les fenêtres |
CONSENTEMENT Ah ! la vie folle la folle vie toujours transporte nos aujourd'hui dans les ailleurs quand les ailleurs ne portent plus la vie à son meilleur enferme le trou dans son égout retrouve la folle retrouve la vie la folle vie d'ailleurs l'ailleurs la vie follement consentie |
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TRILOGIE SARCASTIQUE
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BLEU
FRAIS ET FLUIDE L’éclat des feux des orages de la nuit sillonnent les jours rouges fait place au bleu frais fluide des recommencements toujours s'inspire au passé, s'amalgame au présent, délivre l'instant Ce vertige indomptable agrippé à l'écho des cendres, traverse le ciel endommagé se transmet fluide à travers les éclats de vide, le plein des sens, les sens abreuvés à la source des couleurs toujours fauves des mots transfigurés Le temps s'étire le temps chavire en ces jours nonchalants qu'un hiver attend |
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CHAUD
ET COLLANT Sous l'apparence des dehors desséchés les heures lèchent les aisselles d'une mémoire ruisselante lancent le jet des douches réclamé par la passion des amours habitées |
PLONGÉE Insoutenable regard traversé par les jours cette emprise invisible que transporte la parole en eaux vives de l'ivresse de la chute en plongée jusqu'à l'être en remous en silence en sourires transportés par le vent vers ce lointain regard recueilli |
©
Éditions En Marge et Huguette Bertrand
Dépôt légal / octobre 1999, 61 p.
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada,
ISBN 2-921818-16-7 - Tous droits réservés
LES
VISAGES DU TEMPS
poésie de Huguette Bertrand |
ONDES
REBELLES Amis des ondes à l'ombre traverse le pays du coeur l'échine redressée en ses douleurs que des rires inondent en secousses rythmées quand les doigts en rappel tapochent un clavier connecté aux ondes affranchies et rebelles 16.06.99 |
ORIFLAMMES Rouge feu flambeur de jour comme de nuit l'appel du large espoir lance des oriflammes sur le coeur empoussiéré retenu dans l'égout à genoux sur un pou gris 24.06.99 |
LE
DIT DE L'INÉDIT Tellement humide la vie tellement fluide la vie accrochée aux espaces de nos quotidiens tellement quotidien la vie parmi les miettes de nos espoirs sous-cutanés espoirs toujours humides à travers le fluide d'un espace quotidien le tien le mien répété à tout jamais 06.07.99 |
DANS
L'ONDULÉE DES ONDES Fascinants les souvenirs remplis de hauts et de bas d'éclats de rire de pleurs de grincements de dents de grincements de coeur sur une balançoire tantôt vers le haut tantôt vers le bas quand toujours la vie en émoi se laisse vivre sur les ondes partagées à même les jours ondulés 17.07.99 |
PHÉNIX Amoureuse la mort se venge dans les cendres du désir cendres cruelles cruels désirs soulèvent les cendres soulèvent les ailes l'oiseau debout issu des cendres transcende l'amour la mort au bec retour aux cendres un cri d'oiseau 02.08.99 |
DENSE
ET DANSE Devant le spontané du visage le temps se fait danse autour des heures guide nos pas denses et dansent les visages désirés autour du temps se rapprochent du hasard étonné désirs fulgurants par moment improvisent et dirigent les regards juxtaposés 04.08.99 |
ESSENTIELLEMENT À travers mots et dires les jours se rapprochent de l'essentiel s'excitent sans maudire le sud quand le corps s'honore d'une danse sonore danse son nord 01.08.99 |
VIE
SAGE DU TEMPS Quand les visages s'agrippent au temps le temps se crispe haletant me souffle des hiers au bout d'un cri d'oiseau m'accouche sur une surface bleu libère quelques mots gris À la croisée des larmes et des rires un visage éperdu s'étonne se moque du temps il se repose 03.08.99 |
SOLO Solitaire la mémoire du coeur reprend son souffle se réserve des rencontres d'un mot à l'autre apprivoise les continents sans broncher 06.08.99 |
MÉNAGE
D'AUTOMNE Sortir l'âme de son présent la dégraisser au varsol la passer au savon du pays des songes la secouer violemment de toute traces amoureuses la faire sécher sur les heures puis la voir disparaître dans une nuée 07.08.99 |
DOUX
EN NOUS Songe d'août ça coule de partout le sang les pleurs agonisent sur la lèvre inférieure 14.08.99 |
REQUIEM
POUR UNE DENT DE SAGESSE Ci-gît la dent apprivoisée par un dentiste de l'avoir soulagée de quelques dollars à faire dérailler les mots abandonnés à leur sort 14.08.99 |
ÉLÉMENTAL Vertement dressée la table d'Émeraude invite l'eau le feu le métal et le bois sous la lumière unique portée par le vent la pluie en nos êtres démesurés 20.08.99 |
JUMELAGE Sur l'étendue captive de nos différences des pensées s'égrènent éperdues de lumière comme des enfants s'offrent d'une rive à l'autre 20.08.99 |
GOUTTE
VAGUE Mortellement une goutte d'eau plonge dans la vague éternelle du mouvement s'enroule autour des désirs caresse les pas sur les plages amoureuses balayées par le temps qu'un simple souvenir vient éveiller en nos coeurs doux délirants doux délires retenus toujours en émoi 26.08.99 |
LAPIS
LAZULI DE LA PIE LA JOLIE De ce tableau l'abondance inonde la galerie montre la détente quand la femme déborde d'elle on la préfère offerte sur le mur des insolences on la pense on la trie propre on la tripote on la nomme chose sacrée on la projette dans l'instant mâle 26.08.99 |
UN
PEU DE NOUS un peu chaque jour l'âme sous la pierre humide se déchaîne s'enchaine au corps étrange tellement lointain glisse sur la rivière de ses rêves tellement tout proche de la vie des alentours toujours trop lourd en silence verse l'amour dans ce poème délivrée 27.08.99 |
BLEU
TENDRESSE À travers les bruits du corps une berceuse accuse le fleuve ses horizons se parfume à l'eau vive de la tendresse répand les frissons ça berce bleu ça frissonne en noir ça se perçoit comme une présence parfumée à l'amour pour l'illusion la main sur le coeur devenu silence 28.08.99 |
LES
PASSANTES Trois petites misères se promènent sur les toits gris de la ville s'arrêtent ça et là à l'orée des cheminées grignotent sur la table des invités quelques paroles débiles sans formalité progressent vers des sentiments lointains entrevus par le bout de la lorgnette du coeur borgne 29.08.99 |
L'INNOMMÉE Elle ne se nomme pas. Elle est tout simplement de passage dans un instant qui n'a pas de nom. Elle se prononce dans une parole devenue insaisissable. Elle est insupportable devant tous les cerveaux qui font bombance. Elle se répète toujours dans le multiple en ses différences. Son frère se nomme silence, sa soeur se nomme absence. Cependant, elle ne sait pas se taire. Sans cesse se heurte à des coïncidences qui, de plus en plus, creuse le vide devenu immense. Elle soulève des blancs, y appose une parole, et ne la reprend jamais. Elle révèle tous ses secrets dans une seule parole répétée. Elle est captive dans l'instant, existe pour la forme, bien évidemment ! Elle sécrète des mots qui prennent sa forme, toujours puisés dans cet instant. Elle ne sait faire autrement. Elle devient mirage dans l'imaginaire de qui la voit. Par le regard, on croit parfois la reconnaître sans la connaître. Elle ne dit rien. Elle sait, sans savoir. 29.08.99 |
CHAUDEMENT
L'ARGILE Au commencement était l'argile puis le centre à rechercher minutie du geste regard posé sur le mouvement des formes arrondies dans le feu erre sans fin intouchable en ses bruits insondable en ses nuits impénétrable visage à l'abri des extases dérive sur le bleu de la matière matière fluide sans cesse renouvelée vibre s'infuse à même la terre partagée 15.09.99 |
FISSURE Un ciel rouge orange feu m'éclate en pleine figure court moment d'envol vers le figé des gestes qu'arpente un chaud regard circulaire À peine quelques traces sur la neige imprimées dans l'âme d'un bleu boréal moments inviolables projetés dans la fissure des mots tus 16.09.99 |
CÉSURE Propulsé sur le fondant de l'horizon un mouvement interdit plonge dans les braises de l'âme qu'enserre un doux regard interrompu par la violence des flammes apaisées par le lointain de la surface chaude d'un ventre imaginé 17.09.99 |
LA
VIE À VIDE Un regard une fuite un train d'enfer roulent sur les parois d'un vide infini projettent sur d'autres regards des moments doux et chauds toujours éphémères 17.09.99 |
PARCOURS À l'horizon un murmure soulève une tempête de braises toujours aperçue dans un regard exilé sur la piste infini de l'être dévoré par les mots toujours en marche dans le tracé fluide de l'instant 17.09.99 |
BLEU
DE PRÉSENCE Derrière le voile une présence s'immisce dans le feu des mots sous la peau sillonne les prés de la mémoire s'apaise aux commissures des lèvres qu'un souffle anime dans la fange des aurores abreuvées à la source de l'écume que les vagues transportent jusqu'à l'angle des corps inaltérables inaltérés déchirée l'histoire se faufile dans le blanc d'un prénom absolu 24.09.99 |
©
Éditions En Marge et Huguette Bertrand
Dépôt légal / octobre 1999, 61 p.
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada,
ISBN 2-921818-16-7 - Tous droits réservés
version html de ce recueil sur le site de la Bibliothèque nationale du Canada -1998 http://collection.nlc-bnc.ca/100/200/300/huguette_bertrand/visages/visage1.html Site
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